Sinistres avaries de gréement

Sinistres avaries de gréement à bord des bateaux de plaisance

Tant au niveau des réglages que de son entretien et des remplacements périodiques recommandés, le gréement d’un voilier est trop souvent négligé.

L’état du gréement est pourtant capital tant pour sa durée de vie que pour les performances sous voiles mais aussi et surtout pour la sécurité du bateau et de son équipage car un simple détail qui aurait fait l’objet d’une négligence peut provoquer un démâtage accompagné des importants dommages matériels et corporels qui peuvent en résulter.

Lorsque le mât tombe, le voilier n’est plus manœuvrant. Si cela survient dans le mauvais temps, dans une zone dangereuse, si l’équipage est peu expérimenté et s’il ne peut bénéficier d’une assistance rapide, un démâtage peut entrainer par une réaction en chaîne, d’autres avaries ou engendrer un naufrage. Un bateau démâté est un bateau en détresse et ce risque ne doit pas être pris à la légère.

Le gréement doit être périodiquement inspecté afin de déceler tout signe avant-coureur de défaillance.

Le plus efficace des contrôles se fera bien évidemment mât au sol à l’occasion par exemple, d’une dépose du gréement lors de l’hivernage du bateau. Tous les éléments pourront alors être démontés pour un contrôle rigoureux.

Outre l’inspection du profil de mât, il est impératif de contrôler soigneusement le gréement dormant ainsi que ses cadènes de fixation sur la coque. Il faudra rechercher tout signe de déformation, de fissure, d’usure et de corrosion, tant sur les câbles que sur les embouts sertis, ridoirs, chapes, axes et goupilles.

Contrôler l’état des barres de flèche, leurs embases et embouts, traquer le jeu et les fissures. Vérifier les zones de capelage sur le profil de mât. Vérifier l’état des rivets. Nettoyer, inspecter et lubrifier les enrouleurs. Surveiller l’état du vit-de-mulet, de la tête de mât et des réas ainsi que l’usure des drisses.

Lors de chaque inspection périodique, il s’agira également de dessaler, nettoyer et lubrifier les éléments du gréement. Selon la zone dans laquelle le bateau navigue, la corrosion surviendra plus ou moins rapidement en fonction de la salinité de l’air et de l’eau.

Par ailleurs, il faut savoir qu’un gréement dormant n’est pas éternel. Il faut surveiller son âge et consulter les gréeurs afin de connaître sa durée de vie et le remplacer à temps. En règle générale et hormis les voiliers de régate, les multicoques et les gréements dormant rod ou en fibres composites, le remplacement du gréement dormant est conseillé tous les 10 ans.

Porter une attention particulière aux gréements en fibres car le ragage et l’action des UV les feront vieillir rapidement.

La périodicité et le programme des contrôles et remplacements est établie par le constructeur en fonction du genre de bateau, de type de gréement, du type d’utilisation et des conditions environnementales.

Le mât étant installé, contrôler les tensions du gréement ainsi que les réglages relatifs à la rectitude latérale, à la quête et au cintrage du profil. Si les réglages ne sont pas corrects, détendre l’ensemble du gréement, observer le profil lorsqu’il est libéré des tensions puis reprendre les réglages en surveillant le comportement du mât.

Un réglage fin et des tests se feront ensuite en navigation sous voiles en vérifiant que les tensions des câbles restent correctes à la gîte. S’assurer que le mât reste rectiligne sur le plan latéral et que son cintre est correct sur le plan longitudinal.

Concernant les voiles, il faudra vérifier si elles ne présentent pas d’usure excessive ou d’amorces de rupture. Vérifier les zones de ragage, goussets de lattes, chariots à billes, coulisseaux, points de drisse, d’amure et d’écoute, bandes de ris et bandes anti-UV. Dans le doute, les faire inspecter et réviser régulièrement par un gréeur.

 

Pascal Barbier Expert Maritime, tous droits réservés