Sinistres voie d’eau à bord

Sinistres voies d’eau à bord des bateaux de plaisance

En sinistre plaisance, la voie d’eau, l’envahissement par l’eau, représente l’un des dangers les plus graves à bord d’un bateau et peut dans certains cas, engendrer un naufrage très rapidement.

Dans le cas d’une voie d’eau modérée et insidieuse qui engendre une présence d’eau permanente ou occasionnelle dans les fonds, il s’agira dans un premier temps d’en déterminer l’origine.

Pour un bateau naviguant en mer et si l’eau stagnant dans les fonds n’est pas salée, il faudra orienter les recherches vers les réservoirs d’eau douce et vers leur circuit qui peuvent présenter des fuites.

Il est également courant que des défauts d’étanchéité sur le pont laissent pénétrer de l’eau de pluie ou de l’eau de mer. L’eau peut s’infiltrer par la liaison pont-coque au niveau du rail de fargue, par l’anneau de pont de passage du mât au niveau de l’étambrai, par les zones de montage de l’accastillage comme les balcons, chandeliers, rails, cadènes, hublots et panneaux de pont si ces éléments ne sont pas installés de manière parfaitement étanche ou si le bateau est ancien et que le mastic d’étanchéité est desséché et a vieilli.

S’il s’agit d’eau de mer, il est probable que le problème se situe sous la flottaison et celui-ci doit être pris très au sérieux.

Les passe-coque sont l’une des principales causes pouvant engendrer une entrée d’eau de mer sous la flottaison. Ils sont généralement montés sur le circuit des wc marins et sur le circuit dédié au refroidissement du ou des moteur(s). Les passe-coque de prise d’eau et de décharge situés sous la flottaison ou sur des zones de la coque pouvant se trouver sous la flottaison à la gîte, doivent impérativement être équipés d’une vanne d’arrêt en bon état. Quant aux flexibles, ils doivent être adaptés à l’utilisation pour laquelle ils sont prévus et doivent être montés avec des colliers de serrage en inox qui doivent être doublés. Il faut également surveiller l’état des flexibles et des vannes de passe-coque et les remplacer lorsqu’ils sont vétustes ou s’ils présentent un risque de défaillance ou de rupture.

Afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de voie d’eau soudaine, chaque zone de montage d’un passe-coque doit être aisément accessible en toutes circonstances. Surtout, ne jamais entreposer de matériel à cet endroit. Des pinoches coniques en bois adaptées au diamètre des passe-coque doivent être rangées à proximité de ceux-ci afin d’en permettre l’obturation et limiter l’envahissement.

Une voie d’eau peut également être engendrée par une avarie de coque d’où l’importance de disposer de pompes d’assèchement en bon état, en nombre suffisant et d’un débit adapté à la taille du bateau. Si la voie d’eau est importante et que les pompes n’évacuent pas suffisamment, il faut tenter de l’aveugler au mieux en utilisant tous les moyens disponibles à bord et le cas échéant, adapter la navigation de manière à minimiser l’entrée d’eau en faisant par exemple gîter le bateau sur le bord opposé à la voie d’eau.

Les soufflets d’embase des transmissions Z-drive, les joints des transmissions saildrive et les joints ou presse-étoupe d’arbre d’hélice peuvent également engendrer des voies d’eau s’ils sont vétustes ou endommagés. Selon les recommandations mentionnées dans le manuel du constructeur, ils doivent d’ailleurs faire l’objet de contrôles et de remplacements périodiques très rigoureux.

 

Pascal Barbier Expert Maritime, tous droits réservés